Vie d'auteure

Syndrome de l’imposteur, tout remettre en question ? 

Syndrome de l’imposteur, tout remettre en question ? par Mally's Books - Mélissa Pontéry

Si vous écrivez, il est probable que vous ayez été confronté à cette petite voix désagréable qui vous fait douter de vous. Vous vous sous-estimez ? Vous ne vous sentez pas capable ? Vous souffrez peut-être du syndrome de l’imposteur. Mais bonne nouvelle, on peut parfaitement s’en débarrasser !

Le syndrome de l’imposteur, c’est quoi ? 

Également appelé syndrome de l’autodidacte, le syndrome de l’imposteur a été découvert en 1978 par deux psychologues, Pauline Rose Clance et Suzanne Imes. En réalité, elles n’ont jamais parlé de « syndrome », mais plutôt d’« expérience », à laquelle tout le monde pourrait être un jour confronté.

Le syndrome de l’imposteur n’est pas une « maladie », mais plutôt un « mécanisme psychologique » qui donne le sentiment de ne pas mériter la place qu’on occupe. Il peut concerner les domaines professionnels, mais aussi le domaine familial, le cercle des loisirs, l’apparence physique. Basiquement, tout ce qui nous tiendra vraiment à cœur.

Il puise ses origines dans des ego malmenés et dans la nécessité que nous éprouvons de nous comparer aux autres.

Environ 70 % de la population l’aurait expérimenté au moins une fois dans sa vie. Il touche aussi bien les hommes que les femmes. 

Comment savoir si je souffre du syndrome de l’imposteur ? 

L’échelle de Clance a été développée pour mesurer le sentiment d’imposture. Il s’agit d’un test qui évalue l’estime de soià travers 20 situations différentes.

Beaucoup de sites le proposent. Quelques exemples : 

« Je suis écrivaine » : posture ou imposture ?

« Alors, il sort quand ton deuxième roman ? Par ce que nous, on a vraiment hâte de le lire ! »

Et voilà, j’ai la pression ! Très rapidement, j’ai ressenti une sorte de malaise face à ceux qui m’ont fait confiance. 

Mes « lecteurs »… J’ai presque du mal à oser le dire. 

J’ai commencé à rougir, à penser qu’on surestimait mon livre, qu’on me surestimait, et que la prochaine fois, je ne serais peut-être pas capable de faire « aussi bien », voire « mieux ».

« Et si je n’y arrivais pas ? »

« Et si l’histoire était mauvaise ? »

« Et si les lecteurs le trouvaient moins bien que le premier ? »

Puis, j’ai pris conscience qu’il allait me falloir me vendre… 

Là, j’ai bloqué, comme si j’étais allée trop, loin.

Aujourd’hui même alors que je rédige cet article je bloque à l’idée que mes phrases puissent ne pas être assez bien formulées, que le contenu puisse ne pas intéresser. 

J’ai peur de ne pas être à la hauteur, alors je trouve mes petites techniques. 

« Procrastination, coucou ! »

Alors, j’ai fini par faire le test. Résultat : 88 %.

Je vis souvent d’intenses expériences du syndrome de l’imposteur. Et pourtant, j’ai déjà écrit un roman…

Se sentir légitime de prendre sa place ! 

Lorsque j’ai écrit « Nos Certitudes », je n’ai pas eu l’impression de vivre ces doutes permanents. Je savais où j’allais, de quoi j’étais capable. J’avais passé un contrat avec moi-même : ce livre j’allais l’écrire, et il serait bon !

Et j’ai réussi !

J’ai reçu plein de beaux retours, tant sur le travail effectué que sur la qualité du texte. Je sais que je n’ai pas à rougir de mes compétences ni de l’investissement mis dans ce projet.

Avec le recul, je me dis que je n’ai pas ressenti ce trouble pour « Nos Certitudes », tout simplement parce qu’au moment de la rédaction, cette activité nouvelle n’appartenait alors qu’à moi.

Le syndrome de l’imposteur apparaîtrait en particulier lors des périodes de transition : quand on se qualifie pour la première fois dans son domaine de compétence, quand on démarre un nouveau cycle de vie. La sortie de mon premier livre a marqué cette étape. 

« Maintenant, je suis dedans, il va falloir que j’assure ! ». 

Les créatifs qui doivent souvent se comparer avec des personnes jugées talentueuses seraient davantage touchés par ce mécanisme. Tout comme les autoentrepreneurs, dont les feedbacks sont limités, ce qui ne leur donne pas toujours la possibilité de s’apprécier à leur juste valeur. 

Auteurs, autrices, vous vous reconnaissez ? 

6 conseils pour venir à bout du sentiment d’imposture. 

Bonne nouvelle, cette expérience d’imposture se résout souvent par elle-même. Comment ? En se faisant confiance.

« Ouais… Si c’était aussi simple, on le saurait ! »

Pour ça, l’écriture est un formidable outil. 

Comment procéder ?

Je vous conseille de vous munir d’un petit carnet que vous garderez précieusement tout au long de votre nouvelle vie d’écrivain.e.

  • Lister vos forces : pour quoi êtes-vous objectivement doué.e ? Qu’aimez-vous faire le plus ? Les moments où vous ne voyez pas le temps passer ? Prenez le temps de les développer.
  • Notez vos réussites : réfléchissez aux compétences que vous avez mises en œuvre, au potentiel que vous avez sollicité pour réussir. Soyez objectif.
  • Assumez vos succès : personne ne vous fera un compliment juste pour vous faire plaisir. Si elle le dit, c’est qu’elle le pense. Un premier pas consiste à accepter les compliments. Un « C’est vrai que j’ai assuré. » vaudra toujours plus qu’un « Non, mais c’était pas grand-chose… ». Écrivez ces phrases, avec la date et l’heure. Vous vous rendrez compte qu’il y en a beaucoup. 
  • Remettez vos échecs à leur place : relativisez l’importance de la performance. La perfection est un but louable, mais illusoire. Repensez cette phrase : 

« Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. » Oser, c’est déjà gagner !

Nelson Mandela
  • Arrêtez de vous comparer aux autres : vous idéalisez certains auteurs connus pour leur réussite ? Ce n’est pas parce qu’ils vivent aujourd’hui de leur passion que cela ne sera pas votre cas demain ! Écrivez ce que vous leur enviez et ce qui, selon vous, vous fait défaut. Vous verrez que vos ressemblances sont plus importantes que vous ne le croyez. 
  • Pratiquez votre art : pour devenir écrivain, il faut écrire, beaucoup… Inutile que le texte soit parfait du premier coup. Imaginez vous débuter un nouveau sport, plus vous allez pratiquer, plus vous allez vous améliorer. Le reste suivra, en temps et en heure.

Le syndrome de l’imposteur n’est pas invincible, on peut s’en libérer. Si vous avez choisi cette voie, ce n’est pas anodin. Votre intuition vous dit sûrement que c’est là votre Ikigai. Pensez-y avant d’abandonner !

[instagram-feed]