Sur Miroir de nos peines, Pierre Lemaître clôt la formidable fresque historique qui avait commencé avec Au revoir là-haut.
Trilogie de l’entre-deux-guerre, Les enfants du désastre explore les passions françaises, ses grandeurs, et ses décadences. Une galerie de portraits extraordinaires que l’on n’est pas prêt d’oublier !
La quatrième de couverture…
Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches… Et quelques hommes de bonne volonté.
EXODE ET COMBINES SUR LES ROUTES DE FRANCE !
L’histoire s’ouvre sur le personnage de Louise Belmont. Inconnue des Péricourt se dit-on dans les premières pages, avant de se rappeler la fillette de dix ans devenue la meilleure amie d’Édouard dans Au-revoir là-haut. Désormais, Louise à 30 ans et ne partage plus ses jeux avec la gueule cassée du fond de l’allée. Institutrice et serveuse dans un troquet, elle déplore son destin peu remarquable, jusqu’à ce jour d’avril 1940 qui va tout faire basculer.
Louise, tout comme ses compagnons d’intrigue, bascule dans la Guerre. Les Allemands sont aux frontières de la France, c’est l’exode, et la porte ouverte à tous les petits arrangements…
Sous la plume caustique de Pierre Lemaître, on suit avec plaisirs les péripéties du sergent-chef Gabriel, prof de math un brin trouillard qui ne demande bien ce qu’il fait là ; de son comparse, le caporal Raoul, qui ne manque jamais de combine pour tirer son épingle du jeu. Désiré, l’usurpateur au charisme fou nous surprend par son génie ; tout comme Jules, le patron de Louise prêt à tout pour protéger la jeune femme.
Comme toujours, les personnages sont formidablement décrits. Les arcs narratifs se tressent avec fluidité, se mêlant aux événements historiques parfois totalement inconnus (1), et à d’autres, totalement inventés (2). L’illusion est parfaite !
Miroir de nos peines souligne encore le talent de conteur de Lemaître qui nous balade à travers les passions françaises, dramatiques et amusantes, tragiques et jubilatoires. Ce tome est peut-être un peu décalé par rapport aux deux premiers et ne surpasse pas l’excellence d’Au revoir là-haut, mais on passe à coup sûr un beau moment de lecture.
Pour résumer…
Bien que ce ne soit pas le meilleur de la trilogie, Miroir de nos peines est un excellent page-turner qui nous mène sur les routes de l’exode.
En feuillonniste brillant, Pierre Lemaître mène habilement les destinées, les entrecroise, et nous cueille à chaque fin de chapitre. Le suspense est maîtrisé. C’est une jolie fin pour cette chronique de l’entre-deux-guerre.
Ma note…
16/20
Miroir de nos peines
Pierre Lemaître
554 p. Albin Michel, 22,20 €
Du même auteur
Au revoir là-haut
Couleurs de l’incendie
À découvrir…
Au revoir là-haut, la Bande Dessinée
(1) L’exode pénitentiaire de la prison parisienne du Cherche-Midi. La destruction de billets Banque de France pour éviter que les Allemands ne s’en emparent.
(2) Le sabotage du pont de Tréguière ou la vie dans le fort du Mayenberg.
