Chroniques de livres Roman Saga

Millénium 4 : Ce qui ne me tue pas • David Lagercrantz

Chronique littéraire Millénium 4 par Mally's Books

Lorsque j’ai appris la sortie d’un volume 4 de la saga Millénium alors même que son auteur de génie avait été emporté par une crise cardiaque 10 ans plus tôt, j’avoue que j’ai été particulièrement perplexe. Je me suis dit de manière très abrupte : ” Malgré toutes ses belles explications, celui qui reprend cette histoire veut faire du fric ! “. Et pourtant, la première chose que j’ai faite est de mettre une alerte sur mon portable afin d’être sûre de ne pas rater la sortie du tome 4. Curiosité littéraire ? Plus que l’envie de savoir où seraient menés les personnages j’étais curieuse de savoir comment Lagercrantz allait construire une relation privilégiée avec ses lecteurs, mettre sa patte. Bien sûr, ce fameux 27 août, je me suis ruée en magasin pour acheter le nouveau volume. Je n’ai pas vraiment été surprise par le tapage marketing autour de ce titre. Après tout bon nombre de personne ont dû réagir comme moi de prime abord, mais n’ont pas pu s’empêcher de lire le livre…

La quatrième de couverture…


” Elle est une hackeuse de génie. Une justicière impitoyable qui n’obéit qu’à ses propres lois.
Il est journaliste d’investigation. Un reporter de la vieille école, persuadé qu’on peut changer le monde avec un article. La revue Millénium, c’est toute sa vie.
Quand il apprend qu’un chercheur de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle détient peut-être des informations explosives sur les services de renseignements américains, Mikael Blomkvist se dit qu’il tient le scoop dont Millénium et sa carrière ont tant besoin. Au même moment, Liesbeth Salander tente de pénétrer les serveurs de la NSA…
Dix ans après la publication en Suède du premier volume de Millénium, David Lagercrantz livre un thriller d’une actualité brûlante et signe les retrouvailles des personnages cultes créés par Stieg Larson. La saga continue.”

Mon avis…

J’ai débuté ma lecture de manière détendue. En vacances au bord de la piscine, c’était le moment idéal pour se plonger dans un tel livre. Et pourtant j’ai très vite été déçue par les premières pages. J’ai trouvé le récit trop séquencé, ponctué par des répétitions beaucoup trop fréquentes des caractéristiques psychologiques, morales et comportementales des personnages principaux. Comme si Lagercrantz voulait se persuader lui-même qu’il avait bien compris les nuances de la personnalité de chacun des protagonistes créés par Stieg Larson. Les dialogues manquaient globalement de réalisme et les scènes s’enchaînaient assez mal, comme un mécanisme mal huilé. J’ai vraiment perçu une différence de ton dans la rédaction que j’ai trouvé trop journalistique et factuelle, alors que la plume de Stieg Larson m’avait emporté dès les premiers mots et jusqu’à la dernière ligne. Plus j’avançais dans le roman et plus j’avais l’impression que les personnages initiaux perdaient de leur âme. Loin d’être captivée, je m’ennuyais et perdais peu à peu mon attachement à cette histoire.
Lorsque j’ai lu les précédents livres, il y a deux ans, j’avais vraiment l’impression de faire partie de l’histoire, d’avoir un rôle à y jouer. Et là, c’était comme si je lisais un compte rendu policier… Où se trouvaient les rebondissements ? Le rythme ? Les parcours qui s’entremêlent ? Dans l’écriture de Stieg Larson, le lecteur s’habituait à remettre en question ses indices, ses pistes de dénouement, comme s’il menait sa propre enquête sur l’histoire. Et à ce stade du récit, je ne ressentais aucun suspense dans la construction de l’intrigue. Je me suis dit que cette reprise édulcorée et sans saveurs ne faisait pour le coup pas honneur au travail hors du commun de Stieg Larson.
Mon esprit s’égarait, je décrochais… Puis, vers le milieu du roman, est apparu un nouveau personnage féminin ; complexe et qui dégage une certaine prestance à la lecture. Je me suis sentie soudain captivée par cette femme venue de nulle part, persuadée qu’elle allait me faire changer d’opinion. Et la suite s’est révélée à la hauteur de mes attentes. Lagercrantz a mis en lumière une partie de la vie de Liesbeth qui n’avait jusque-là pas été abordée dans les romans de Larson ; et qui a probablement laissé bon nombre de lecteurs sur leurs fins, moi comprise.
[Attention spoiler !!!] Camilla, la sœur jumelle de Liesbeth est le personnage qui intervient en force sur ce roman. Toute l’histoire de ce quatrième tome se construit autour de son désir de vengeance. On entre dans l’intimité des deux sœurs, on explore tous leurs paradoxes pour voir se construire des personnalités extrêmes et ambivalentes, qui se vouent une haine inébranlable. Le thriller reprend à nouveau des airs de règlement de compte familial, ce qui à mon sens était la clé pour captiver le lecteur. [Attention spoiler !!!]
J’ai été à la fois satisfaite et soulagée de ce virage pris avec intelligence et précision par David Lagercrantz. Satisfaite parce que son récit a finalement su m’apporter le bout de suspense que j’attendais et les réponses aux questions qui étaient restées en suspens. Soulagée car j’ai enfin perçu sa plume dans l’intervention des personnages de Kira et August, deux héros d’une étonnante complexité et qui mon fascinés. J’ai trouvé également très intéressant le passage sur l’explication du Pseudo WASP. L’histoire se mélange à des références culturelles mainstream qui apportent une touche de spiritualité au récit.

Pour résumer…

Je dirais que l’exercice était osé et difficile. David Lagercrantz s’en tire bien. Il a su instaurer un ascenseur émotionnel qui prend aux tripes. Comme dans tout bon thriller, il laisse aux lecteurs une fin pleine de sous-entendus et de questions. Malheureusement, je regrette que le pic de suspense n’ait pas lieu plus tôt dans le roman. Je reste très mitigée sur ce livre qui m’est apparu à la fois trop et pas assez…

Ma note…

14/20
[instagram-feed]