Vie d'auteure

Pourquoi je ne referai pas le NaNoWriMo ?

NaNoWriMo : l'expérience d'écriture que je ne renouvellerai pas.

On ne compte plus le nombre de jeunes auteurs qui se sont lancés dans ce challenge d’écriture le coeur léger ! Le NaNoWriMo serait LA solution pour écrire un roman en moins de trente jours.

Vraiment ? Je l’ai testé sans l’adopter, et aujourd’hui je l’affirme : je ne le referai pas ! Voilà pourquoi.

Le NaNoWriMo, c’est quoi ?

Le NaNoWriMo pour National Novel Writing Month est un rendez-vous annuel d’écriture créative créé en 1999 aux Etats-Unis. L’événement se déroule au mois de novembre et encourage les écrivains, novices ou pas, à écrire un roman de 50 000 mots en seulement un mois.

Pourquoi 50 000 mots ? Parce que l’on considère que c’est le seuil à partir duquel on peut catégoriser la fiction en tant que roman.

Pourquoi les auteurs et autrices aiment ce défis littéraire ? Parce qu’il leur permet de se donner du temps pour écrire. Ça peut paraître bête, mais participer à un projet collectif de ce type décuple l’énergie, et lève un certain nombre de freins psychologiques dont celui-ci : l’écriture n’est pas assez important pour que je lui accorde du temps.

Le message du NaNoWrimo est simple : l’important, c’est d’écrire, de produire, d’imaginer, de réinventer. In fine, le texte ne sera peut-être pas parfait, mais il aura avancé !

Novembre 2021, la fleur au fusil.

Moi qui ai plutôt l’habitude de procrastiner par peur de l’imperfection, je suis partie plutôt enthousiaste, en me disant que 50 000 mots, c’était peut être un peu trop, mais que 30 000 c’était jouable !

Débrider l’inspiration des écrivains !

Deux jours avant le top départ, je me décide à participer sur une idée fulgurante de spin-off de mon premier roman Nos Certitudes. Je m’inscris sur la plateforme et me mets à gribouiller un plan sommaire. Je suis sûre de moi, hyper motivée par mon début d’histoire, et persuadée que tout va couler tout seul.

À la faveur des premiers jours de vacances, je produis plus de 1 500 mots quotidiens, surprise même de la qualité de mes textes. Je ne compte pas mes heures, certes, mais je me prends à me dire que c’est facile en fait.

Pour être honnête, je prends un peu d’avance. J’ai bien conscience que la reprise du travail va corser quelque peu l’aventure. Mais je tiens le bon bout, et me lève chaque matin à 6 h pour écrire au moins une heure avant ma journée. La stratégie paie. Pendant quinze jours, je suis au dessus de ma courbe de progression.

En vrai, c’est possible ! Je suis presque choquée !

Bloquer milieu d’une histoire…

Je commence à m’inquiéter de la fatigue, mais c’est le texte qui me freine. Après avoir débuté sur les chapeaux de roues, qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur faire faire à mes deux héroïnes ? Les matins dans le vague s’enchainent. De 1 500 mots, je passe à 1 mot… Puis les petites séances se succèdent : 470, 530, 362… Je regrette de ne pas avoir de plan.

Deux jours me sont nécessaires pour boucler un chapitre, et d’ailleurs la longueur de ces derniers commencent à m’énerver. L’intrigue patine. Même mes personnages, auxquelles je suis si attachées, m’ennuient.

Jusqu’au 18ème jour, je continue de progresser, mais ma motivation s’effrite. Mon contenu me satisfait moins. J’ai la sensation que l’histoire perd de son sens.

À coup de petites sessions, je parviens quand même jusqu’au 30 novembre avec 25 000 mots sur 30 000.

Et pourtant, je n’en ai pas gardé un bon souvenir.

Pourquoi je ne participerai pas au NaNoWriMo 2022 ?

Plus de 80% de l’objectif. Pas mal pour une première ! Je comprends qu’on puisse trouver mon jugement sévère, mais au delà des chiffres, j’en retiens surtout l’expérience, et un constat : Je n’ai jamais eu envie de relire mon texte. Preuve pour moi que l’expérience n’était pas concluante.

Je ne ne referai pas le NaNoWriMo en 2022…

Parce que je n’ai pas aimé mes personnages…

Ça peut paraître tout bête, mais le fait de devoir produire du contenu ne m’a pas laissé le temps de créer une véritable connexion avec mes héroïnes. J’adore pourtant l’esprit décalé de Maxine et Chloé, mais c’est comme si j’avais frappé à leur porte un matin en disant “Et venez, on est les meilleures copines du monde !”, sans prendre le temps de véritablement les connaître. Difficile de cohabiter un mois avec des gens qu’on a du mal à cerner, non ?

Parce que j’ai saturé d’écrire…

Je suis la première convaincue de la nécessité de se créer une route d’écriture pour devenir performant. Mais parfois trop, c’est trop ! Cette expérience m’a rappelé mes cours de musique, quand ma mère m’obligeait à faire du solfège et à pratiquer tous les jours. Répéter les mêmes morceaux, à la même heure, dans les mêmes conditions…

Pendant le NaNo, c’était un peu pareil. Les poids de la lassitude m’a rattrapé. Résultat ? Tout comme j’ai fini par arrêter la musique, je n’ai plu touché un clavier pendant plus d’un mois. Dommage pour une autrice, non…

Parce que la quantité ne supplante pas la qualité…

.Je suis une tortue. Et en animal littéraire bien lent, je ne suis pas une adepte de l’écriture automatique. J’aime prendre le temps de construire ma phrase, de réfléchir au vocabulaire, de faire des recherches si nécessaire. Et c’est précisément ce temps de construction qui me plait dans l’écriture. Peut importe le rendement…

Suivre le rythme du NaNoWriMo rend tout cela impossible. Qui sincèrement arrive a réfléchir correctement et à mettre ses idées en ordre en si peu de temps ? D’autant plus lorsqu’on invente son histoire au fur et à mesure.

Cela peut parfois donner de belles idées. Mais cela peut également bloquer tout le processus créatif.

Parce que l’écriture reste sacrée…

C’est probablement ma bête noire dans ma vie d’auteure, mais caser une séance d’écriture entre un dossier à terminer, et l’heure de pause dej’ à la cantine ne me convient pas du tout !

J’ai besoin que cela reste un moment de communion, de concentration.

Travailler bêtement sur un coin de table, à la seule motivation qu’il faut le faire, très peu pour moi. Je préfère privilégier mon BON MOMENT.

Parce qu’art et injonctions ne font pas bon ménage…

Dans le petit monde des jeunes écrivains, voilà ce que certains soutiennent :

Si tu n’as pas fait le NaNoWriMo une fois, tu n’es pas un vrai auteur !

Que l’on se le dise, si le NaNo a bien des intérêts, cela n’en reste pas moins un effet de mode.

Que peut bien apporter ce genre d’obligation dans une démarche artistique ? Si vous ne faites pas ce challenge, ce n’est pas grave. La seule personne qui peut décider si vous êtes auteur.e, c’est vous !

Parce que pour bien écrire, il faut savoir vivre…

Bûcher quatre heures sur une page blanche, aligner les phrases sans queue ni tête n’a jamais donné une oeuvre littéraire.

D’expérience, je n’ai jamais mieux écrit qu’auprès avoir fait ou vu quelque chose de nouveau : un ciné, un resto, une balade… Peut-importe tant que je m’aère.

Et si au lieu de s’enfermer tout novembre, on sortait juste dehors ? Profiter des belles couleurs d’automne pour nourrir son inspiration ?

Le NaNoWriMo en bref…

Le NaNoWriMo est un défi difficile !

Je n’en remets pas l’intérêt en question, je pense au contraire qu’il représente un formidable outil pour muscler son cerveau à l’écriture. Je le crois très pertinent pour un projet à l’enjeu créatif moins important, ou pour se motiver à terminer un texte.

Mais si la contrainte vous bloque plus qu’elle ne vous motive, passez votre chemin !

Respectez votre façon d’écrire !

Cela doit avant tout rester un plaisir.

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