Chroniques de livres Roman

Grâce et dénuement, la vie à l’état brut…

Chronique littéraire Grâce et dénuement par Mally's Books - Mélissa Pontéry

Avec Grâce et dénuement, Alice Ferney livre une histoire douce-amère. L’auteure promet une rencontre poétique avec une famille de Gitans.

On aime le rythme lent et l’indulgence qui se dégage de ce court roman. Un beau morceau de vie à découvrir !

La quatrième de couverture…

Dans un décor de banlieue, une libraire est saisie d’un désir presque fou : celui d’initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité. Elle se heurte d’abord à la méfiance, à la raillerie et au mépris qu’inspirent les gadjé. Mais elle finit par amadouer les petits illettrés, en même temps qu’elle entrevoit le destin d’une famille sur laquelle règne une veuve mère de cinq fils.

Une douce ballade universelle

En dehors du souvenir personnel qu’il m’inspire, ce livre aurait pu me laisser indifférente. Et pourtant ces 188 pages sont d’une force rare. Au-delà des clichés, du malaise, voire de la peur qu’ils inspirent, qui n’a jamais été fasciné par la « liberté » sauvage dont jouissent les Gitans. Je mets des guillemets au mot liberté, car malgré toute la poésie des mots d’Alice Ferney, le roman nous met face à une triste réalité. Le froid, la faim, la pauvreté, la misère…

À travers le personnage d’Esther, l’auteure décrit la rencontre entre une Gadgé (non gitane) et une famille tzigane installée sans autorisation sur un terrain abandonné. Animée par son amour des livres et des enfants, cette étrangère s’immisce peu à peu dans leur quotidien. D’abord au fil d’une cohabitation distante et curieuse, chaque mercredi, puis à force de respect et de retenue, en tant que véritable confidente.

Bien sûr, les temps sont durs, mais on découvre une philosophie d’une rare contenance. Le livre porte si bien son titre. Grâce et dénuement, car oui, les Gitans n’ont rien à perdre. Ils s’affranchissent des lois et des convenances pour survivre, se réjouissent des naissances comme on célèbre une victoire et prennent leur force dans l’union familiale.Dans ce troisième roman, récompensé par le prix « Culture et bibliothèques pour tous », Alice Ferney livre une douce ballade universelle, triste de souffrances, mais riche de croyances, honneur et de fierté. On en ressort étrangement apaisés, comme si la fatalité n’était qu’une mince affaire.

Pour résumer…

Loin des clichés, Grâce et dénuement s’inscrit dans une rythmique pleine d’humilité. Aux côtés d’Alice Ferney, on découvre une communauté gitane démunie de richesses, mais forte des liens familiaux et de leur fierté. On aime la poésie et l’indulgence de ce court roman. Une découverte émouvante et prenante.

Ma note…

15/20

Grâce et dénuement
Alice Ferney 
192 p. J’ai lu, 5,80 €

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