Chroniques de livres Roman Saga

Le nouveau nom : l’amitié est parfois cruelle !

Chronique littéraire Le nouveau nom par Mally's Books - Mélissa Pontéry

Après avoir dévoilé les bouleversements de l’enfance dans L’Amie prodigieuse, Elena Ferrante revient avec Le nouveau nom, un voyage tumultueux, éprouvant, empreint de haine, et de rivalité.

Une lutte acharnée contre ses envies, contre ses propres émotions, contre la violence du monde.

La quatrième de couverture… 

Naples, années soixante. Au cours de son repas de mariage, Lila découvre que son mari Stefano a offert les chaussures imaginées et dessinées par elle à Marcello Solara, qui règne sur le quartier avec son frère, Michele, deux hommes qu’elle déteste. Pour Lila, née pauvre et devenue riche en épousant l’épicier Carracci, c’est le début d’une période trouble : elle méprise son mari, refuse qu’il la touche, mais finit par céder. Elle va travailler dans la nouvelle boutique de la famille Carracci, tandis que Stefano ouvre également un magasin de chaussures en partenariat avec les Solara. 

De son côté, son amie Elena, la narratrice, continue ses études au lycée et est toujours amoureuse de Nino Sarratore, qui fréquente à présent l’université. Quand les vacances d’été arrivent, les deux amies partent pour Ischia en compagnie de Nunzia, la mère de Lila, et de Pinuccia, sa belle-sœur, car l’air de la mer doit aider Lila à prendre des forces pour qu’elle puisse donner un fils à Stefano. La famille Sarratore aussi est en vacances à Ischia et bientôt Lila et Elena revoient Nino.

Elena et Lila, à l’aube de leur vie de femmes.

Elena Ferrante nous livre un tome 2 cruel, sous le signe de la hargne et du mépris. Sous une plume encore plus explosive, on retrouve Elena et Lila dans des rôles diamétralement opposées. Bien qu’elles soient toujours amies, le fossé entre les deux jeunes filles se creuse de plus en plus. D’un côté Lila, la jeune mariée rebelle qui se complaît dans le confort matériel de la vie conjugale, banalisant presque les violences qui lui sont associées. De l’autre Elena, petit rat de bibliothèque qui semble supporter sa vie gré des années scolaires, et oscille entre l’envie de ressembler à son amie et celle de s’en affranchir. 

Quand vient l’été au bord de la plage, les tensions s’accentuent. On se surprend à détester les manières parfois abjectes de la jeune mariée, qui offre de payer sa copine pour être à son service. On plaint la patience de Lenù tout en s’indignant de sa passivité. L’histoire prend un cours inattendu, et l’on découvre bien vite que les aléas de la vie viennent ébrécher cette amitié qu’on croyait inaltérable. S’en suivent des périodes d’éloignement, de rancœurs et de silence. 

Le livre balaie huit années de vie au cours desquelles les deux femmes évoluent à des rythmes différents. Jusqu’au point de rupture ? Souvent, la question se pose. Puis leurs destins basculent, le quotidien de la beauté sauvage s’effrite peu à peu. L’indécision de l’intellectuelle naïve s’envole. Elle s’épanouit dans les hautes sphères culturelles. Le nouveau nom est un texte clivant, déroutant pour le lecteur, mais toujours aussi addictif. On prend plaisir à voir les deux femmes s’ouvrir au monde, tout en comprenant qu’elles resteront incontestablement attachées à leur quartier miséreux, et à leurs souvenirs d’enfance. 

Pour résumer… 

Un second tome peut être meilleur que le premier dans sa complexité et son intensité, mais qui laisse un sentiment de trouble assez désagréable. 

Ne vous méprenez pas,Le nouveau nom est un roman incroyable qui confirme la qualité de la saga d’Elena Ferrante. Qu’on aime ou qu’on déteste, ce livre nous ramène à nos angoisses adolescentes, à nos doutes de jeunes adultes. 

Une fresque inoubliable de la littérature. 

Ma note… 

17/20 

Le nouveau nom
Elena Ferrante
560 p. Gallimard, 23,50 €

Dans la même saga 
L’Amie prodigieuse
Celle qui fuit et celle qui reste
L’enfant perdue

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