Pour le septième volet de la saga Erica Falck, Camilla Läckberg nous embarque sur une île inquiétante. Esprits, deuil, et parentalité jalonnent l’intrigue du Gardien de Phare.
On aime l’audace du surnaturel, qui apporte une touche d’originalité à l’enquête policière.
La quatrième de couverture…
Par une nuit d’été, une femme se jette dans sa voiture. Les mains qu’elle pose sur le volant sont couvertes de sang. Avec son petit garçon sur le siège arrière, Annie s’enfuit vers le seul endroit où elle se sent en sécurité : la maison de vacances familiale, l’ancienne résidence du gardien de phare, sur l’île de Gråskär, dans l’archipel de Fjällbacka.
Quelques jours plus tard, un homme est assassiné dans son appartement à Fjällbacka. Mats Sverin venait de regagner sa ville natale, après avoir travaillé plusieurs années à Göteborg dans une association d’aide aux femmes maltraitées. Il était apprécié de tous, et pourtant, quand la police de Tanumshede commence à fouiller dans son passé, elle se heurte à un mur de secrets.
Bientôt, il s’avère qu’avant de mourir Mats est allé rendre une visite nocturne à Annie, son amour de jeunesse, sur l’île de Gråskär – appelée par les gens du cru “l’île aux esprits”, car les morts, dit-on, ne la quittent jamais et parlent aux vivants…
Erica, quant à elle, est plus que jamais sur tous les fronts. Tout en s’occupant de ses bébés jumeaux, elle enquête sur la mort de Mats, qu’elle connaissait depuis le lycée, comme Annie. Elle s’efforce aussi de soutenir sa soeur Anna, victime, à la fin de La Sirène, d’un terrible accident de voiture aux conséquences dramatiques…
la mort promet une vie éternelle
Lorsque l’on me demande ce que j’aime dans les romans de Camilla Läckberg, ma réponse est immédiate : passé et présent s’entrechoquent ! L’auteure décrit toujours la mémoire des lieux à merveille.
Sur l’île de Gräskar, la légende dit que les morts y sont toujours un peu vivants. L’étrange nous passionne, et les flash-backs dans le Fjällbacka du XIXe siècle suffisent à nous tenir en haleine. La touche de spiritisme apporte son originalité au roman.
Au fil des histoires proposées par Läckberg, le lecteur-enquêteur aiguise son intuition, au point de lever le mystère sur une partie de l’intrigue avant même que l’auteure n’y consente. Mais on pardonne volontiers les mécanismes d’écriture redondants tant la promesse est tenue.
Dans Le Gardien de phare, peut-être plus que dans les précédents volumes, les personnages nous fendent le cœur. Anna, cette sœur douce et aimante sur laquelle le sort s’acharne. Annie, belle et lumineuse, qui prête à tout perdre pour se libérer. Emelie, naïve et volontaire, qui redouble d’efforts pour contenter un mari inaccessible… L’histoire est triste et nous questionne sur la volonté propre à chacun de se battre pour s’en sortir.
On déplore toutefois que l’intrigue sociale choisie par l’auteure ne soit pas davantage explorée. Le texte survole la question des violences conjugales, sans vraiment nous apporter de réponses.
Tout cela nous pousse aisément vers une inconnue : comment Camilla Läckberg va-t-elle se renouveler pour continuer à séduire ses lecteurs ?
Pour résumer…
Le Gardien de phare est un livre plus spirituel que policier, qui fait réfléchir sur les capacités du cerveau à ne retenir que sa propre vérité. Camilla Läckberg s’intéresse au fil ténu entre la vie et la mort. Le parti-pris du surnaturel, associé à la psychologie des protagonistes bien creusée, suffit à nous séduire.
La force de cette saga reste l’attachement profond aux personnages.
Ma note…
14/20
Le Gardien de phare
Camilla Läckberg
480 p, Babel Noir, 5,62 €
Dans la même saga
La Princesse des glaces
Le Prédicateur
Le Tailleur de pierre
L’Oiseau de mauvais augure
L’Enfant allemand
La Sirène
