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Paris est une fête, un livre pour redonner l’espoir !

Chronique littéraire Paris est une fête par Mally's Books - Mélissa Pontéry
Chronique littéraire Paris est une fête par Mally's Books


A la suite des attentats du 13 novembre, Paris est une fête a connu un véritable engouement ; comme si le livre d’Ernest Hemingway avait le pouvoir de redonner l’espoir.

Découverte de ce roman emblématique qui dépeint un portrait léger de notre belle capitale.
 


La quatrième de couverture…
 


Miss Stein et moi étions encore bons amis lorsqu’elle fit sa remarque sur la génération perdue. Elle avait eu des ennuis avec l’allumage de la vieille Ford T qu’elle conduisait, et le jeune homme qui travaillait au garage et s’occupait de sa voiture – un conscrit de 1918 – n’avait pas pu faire le nécessaire, ou n’avait pas voulu réparer en priorité la Ford de Miss Stein. De toute façon, il n’avait pas été sérieux et le patron l’avait sévèrement réprimandé après que Miss Stein eut manifesté son mécontentement. Le patron avait dit à son employé : ” Vous êtes tous une génération perdue. ” ” C’est ce que vous êtes. C’est ce que vous êtes tous, dit Miss Stein. Vous autres, jeunes gens qui avez fait la guerre, vous êtes tous une génération perdue.
 


Entre récit de vie et processus créatif  

Ce livre est plus un récit personnel qu’un roman à proprement parler. Au tout début des années 20, on entre dans l’intimité du couple que forme Ernest Hemingway avec sa toute première femme, Hadley. A l’époque, Hemingway n’est pas encore le grand auteur que l’on connaît aujourd’hui mais un jeune journaliste aux poches percées qui se bat pour nourrir sa famille et leur offrir un toit. On entre dans le Paris de l’entre-deux guerres qui se remet difficilement ; et pourtant à travers les personnages que Hemingway nous fait rencontrer, on perçoit cette envie de croquer la vie à pleines dents ! Le jeune couple a d’ailleurs un vrai goût pour les petites choses du quotidien : se faire pousser les cheveux à la même longueur ou s’épuiser avec quelques séances de ski, un sport nouveau que semble beaucoup apprécier l’auteur.

Ernest Hemingway est un jeune homme rêveur qui se nourrit déjà de ses aventures quotidiennes pour écrire des contes, des nouvelles et préparer ses premiers romans. Sans le savoir, il fréquente des librairies qui deviendront emblématiques à l’image de Shakespeare & Compagny et s’entoure d’artistes tout aussi illustres tels que le poète et musicien Ezra Pound, l’auteure Gertrud Stein et le célèbre écrivain Francis Scott Fitzgerald qui achève alors Gatsby le magnifique. J’ai d’ailleurs adoré la découverte de Fitzgerald sous l’œil d’un Hemingway qui ne mâche pas ses mots. Face à ces personnalités toutes aussi excentriques les unes que les autres, Hemingway apparaît comme un homme normal, presque un peu effacé….

Au-delà des scènes de vie, le récit nous fait partager une vision intéressante du processus d’écriture, nous met dans le contexte des débuts de la création. A l’image de beaucoup de ses confères, la vie de jeune auteur est faite de hauts et de bas financiers. Loin des paillettes du succès, on voit à quel point cela peut être dur : le doute de soi, la hantise de la page blanche, l’incapacité parfois complète de se concentrer puis le flot incontrôlable d’idées qui survient quand on s’y attend le moins. Comme chaque écrivain, Hemingway a “son truc” pour faire venir l’inspiration et suivre sa méthodologie a été fascinante. Il évoque notamment la faim criante qui l’habite certain jour et sa manière d’utiliser cette sensation de manque pour aiguiser ses sens et la transformer en énergie créatrice. C’est au cours de cette période qu’il écrivait Le soleil se lève aussi. Certes on est encore loin de la philosophie du Vieil homme et la mer, mais le fait que le texte glisse dans l’intimité de l’auteur donne aujourd’hui un angle nouveau la lecture de ses premiers romans.
 


Pour résumer…
 

Bien que ce livre soit une œuvre posthume conduite en grande partie par Sean Hemingway, le petit fils de l’écrivain, elle reste fidèle au but initial de l’auteur. En réunissant des fragments de vie commune, Ernest Hemingway semble avoir voulu réparer le tort causé à sa première épouse lors de leur séparation. Près de quarante ans après les faits, c’est un bel hommage, touchant par sa pudeur, qui grave à jamais la complicité qui unissait les deux amoureux dans Paris.  


Ma note…
 

14/20
 

Paris est une fête

Ernest Hemingway 
352 p. Folio, 8,30 €
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