Chroniques de livres Roman

Les gens heureux lisent et boivent du café • Agnès Martin-Lugand

Chronique littéraire Les gens heureux lisent et boivent du café par Mally's Books - Mélissa Pontéry
Chronique littéraire Les gens heureux lisent et boivent du café par Mally's Books - Mélissa Pontéry
Une heure de lecture et je sors de ce roman un peu blasée… Les gens (ne sont pas vraiment) heureux, fument (bien plus que de raison) et boivent du café (mais pas que), par contre je n’ai pas vraiment trouvé que la lecture était leur activité principale…
Très clairement, je m’attendais à l’histoire d’une jeune femme qui remonte la pente après la mort de son mari et de sa fille en se plongeant dans la lecture. Je m’attendais au récit d’une résilience pleine de poésie et de courage. La quatrième de couverture promet une histoire de sentiments, de renaissance et de réveil à la vie mais disons que le potentiel du livre n’est pas exploité. On tombe assez facilement dans un côté états d’âme niaiseux qui n’est pas vraiment ma tasse thé.

La quatrième de couverture…


” Diane perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. C’est peut-être en foulant la terre d’Irlande, où elle s’exile, qu’elle apercevra la lumière au bout du tunnel. “

Mon avis…

Diane est une femme brisée, victime d’un quotidien tragique, d’une situation que tout le monde redoute mais qui pourrait nous arriver à tous : perdre un être cher. En un mot, sa vie bascule. Agnès Martin-Lugand décrit très bien cet état semi-végétatif qui nous submerge pendant le deuil. La peur du lendemain, l’incapacité à faire la part des choses, le refus de se battre pour s’en sortir parce que c’est trop dur, parce que la vie n’en vaut plus le coup. D’un coup, c’est un flot d’amertume, de regrets, d’injustice et une profonde envie de solitude. Mais maintenant que toute perspective d’avenir semble engloutie dans le chagrin et le néant, la vie offre un défi : Comment remonter la pente ? Comment se reconstruire ? Et j’espérais que le livre réponde à ces questions.
Au lieu de se battre, le personnage de Diane fuit et s’exile en Irlande. Ce pays apparaît tel un joyau brut, plein de ressources. Voir les éléments se déchaîner apaise. Oui, on peut y voir un moyen de retourner à l’essentiel, de faire un point sur soi-même. Et pourtant, là encore, l’intrigue n’a pas répondu à mes attentes. Sans vraiment prendre de recul sur elle-même, Diane se lance sans réserve dans une histoire torturée avec un artiste écorché vif au caractère imbuvable.
Si je n’ai pas eu de mal à me mettre dans la peau du personnage lorsqu’elle tente de faire son deuil, j’ai eu beaucoup plus de difficultés à cautionner ce soudain revirement de situation lorsqu’elle tombe dans les bras d’un autre. Certes, la description des sentiments est jolie, on retrouve l’émotion des premières fois, le désir de s’apprêter, de séduire. On assiste au réveil des sens ankylosés, mais je l’ai vécu de l’extérieur comme une infidélité au souvenir de son mari. Je suis presque un peu déçue de ma propre réaction que je trouve dure, mais c’est pourtant l’effet que cela m’a fait. Ça m’a un peu bousculé dans mes préjugés je dois dire, et c’est bien d’une certaine façon car cela m’a poussé à m’interroger. Pourquoi passer à autre chose serait-il mal ?
Autre point qui m’a interpellé, le roman se concentre essentiellement sur le point de vu sentimental d’une femme : comment renouer avec l’amour ? Mais il évoque très peu la douleur de perdre un enfant. Je ne dirai pas que ce sentiment n’est pas présent, mais dans ce type de situation, je ne suis demandée quelle douleur était la plus présente : celle de perdre un mari ou celle de perdre un enfant ? Il y a comme une impression d’inachevé.
Finalement, le livre se termine sur une décision qui m’est apparue plus sage : se donner du temps pour se reconstruire. Cette idylle tuée dans l’œuf aura été nécessaire pour faire un point sur soi-même, c’est ce qu’on appelle l’étape de transition… Après tout chacun la sienne, mais là je n’ai pas trouvé que ça ait un grand intérêt.

Pour résumer…

Globalement, c’est pour moi un roman qui manque de substance et de réalité. Les personnages sont sans relief et trop clichés à mon goût. J’ai un peu eu l’impression de tomber dans le scénario du téléfilm de l’après-midi sur M6. C’est dommage.

Je finirai malgré tout sur une note positive car même si les livres sentimentaux ne font pas parti de mes genres de prédilections, le travail d’Agnès Martin-Lugand m’intéresse. Son écriture est fluide, légère et je dois dire que c’est assez agréable. Si ce livre qui a été pourtant un très gros succès n’est pour moi pas le roman de l’année, il a au moins le mérite d’avoir éveillé ma curiosité pour son auteur.

Ma note…

12/20
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