J’ai découvert Lena Dunham au travers de la série Girls dont je suis devenue fan dès la première scène. J’y ai vu une certaine ode à la normalité qui m’a énormément plu. Le génie de sa créatrice, son franc-parler et son attitude volontairement dévergondée m’ont convaincu que notre société avait besoin de personnalité comme elle. Lorsque j’ai appris la publication de son autobiographie aux allures néo-féministes, je me suis bien évidement précipitée pour me la procurer, persuadée que son histoire valait le coup d’être racontée aux jeunes générations.
Qui aujourd’hui peut se vanter d’être à la fois actrice, réalisatrice, scénariste, productrice et auteure à succès ? Dans un monde où les femmes peinent encore à se faire une place au soleil, ça m’a clouée. Et il faut dire aussi que la promesse du livre est palpitante : “Je vous raconte mes erreurs pour que vous évitiez de les faire”. J’étais vraiment curieuse de voir comment cette trentenaire un peu ravagée avait pu mettre le monde artistique à ses pieds et s’imposer comme modèle auprès des filles d’aujourd’hui. Pourtant, je n’ai pas de suite dévoré son récit et après avoir passé près d’un an dans ma P.A.L, j’ai fini par ressortir le bouquin cet été.
La quatrième de couverture…
” On peut n’avoir même pas trente ans, avoir créé une série culte, avoir déjà été qualifiée pêle-mêle de ” voix d’une génération ” et de ” fille naturelle de Susan Sontag et de Woody Allen “, figurer dans la liste du Timesdes 100 personnes les plus influentes du monde, avoir vu Joyce Carol Oates chanter vos louanges, avoir décroché un contrat faramineux avec une des plus grandes maisons d’édition américaines, et pourtant être percluse de tocs, de complexes et d’angoisses existentielles.
Lena Dunham, c’est la bonne copine. Celle qui vous raconte par le menu ses plans drague foireux, ses accidents sexuels, ses premiers boulots minables. Mais Lena Dunham, c’est aussi la philosophe néoféministe qui nous explique qu’il vaut mieux pour notre santé mentale bannir à jamais le mot régime de notre vocabulaire, que dans la vie, il y a les hommes et il y a les connards, que New York est la plus belle ville du monde et qu’à la fin, puisqu’il n’y a rien, autant rigoler.”
Mon avis…
J’avais besoin d’une lecture sans réflexion, et pour le coup j’ai été servie ! Contrairement à ce que veut bien nous vendre la couverture, je n’ai pas lu un livre Feel good mais j’ai plutôt eu l’impression de découvrir le journal intime d’une adolescente en crise. Ses fragments de vie sont posés les uns à côté des autres, sans chronologie ou liens réels entre eux, nourris à 95% d’hypocondrie, de tentative de sexualisation, de socialisation, d’échecs amoureux, et surtout de nombrilisme. Lena déballe les détails croustillants de ses années étudiantes de manière complètement décousue : son inlassable quête d’un dépuceleur, ses soirées alcoolisées, sa passade œdipienne avec sa psy puis son flirt amical avec la fille de sa psy ; sa phase ” partage de lit platonique ” et ses excès alimentaires en tout genre. On veut nous vendre que toutes ces expériences font écho à la vie des jeunes femmes d’aujourd’hui, mais j’ai sincèrement trouvé que la caricature était un peu trop forcée.
Bien sûr, son verbe débridé m’a souvent fait rire et globalement fait passer un bon moment. J’ai apprécié son écriture franche, crue, certain diront peut être même un peu trop. Je pense bien sûr à la scène qui a fait débat, au court de laquelle Lena, qui découvre la sexualité et entre autre le sexe féminin, entrouvre les attributs de sa sœur pour voir à quoi cela ressemble. Était-ce réellement nécessaire de raconter cet épisode ? Quelle leçon peut-on tirer de cette expérience ? Même si cette scène ne m’a pas choqué en soit, j’y ai plus vu la volonté de titiller l’opinion publique et les puristes que d’aider les lecteurs à désacraliser le sexe.
L’histoire de Lena Dunham valait-elle la peine d’être racontée ?
J’émets un doute à ce sujet. Autant le livre reste fidèle au personnage, autant je me suis fortement demandée si la publication de cette autobiographie prématurée ne mettrait pas un coup de sabre à l’image de cette artiste pourtant formidable. Je m’attendais à plus de finesse et de profondeur, à une dimension plus engagée puisque c’est la force qu’elle dégage. J’ai trouvé que ce récit manquait cruellement de recul, de maturité et altruisme pour démontrer que ces échecs lui avait finalement permis de se construire et de réussir.
Pour autant, je reste une grande admiratrice du travail de Lena Dunham et loin de refroidir mes convictions, parcourir son livre m’a permis d’avoir une nouvelle vision de son travail et m’a même donné envie de me replonger dans Girls. Lena Dunham reste pour moi un modèle générationnel : une femme qui a choisi sa vie professionnelle en fonction de ses propres envies non pour suivre les désidératas des uns ou des autres. Une femme affiche ouvertement son originalité, à l’heure où la minceur s’impose plus que jamais comme la norme sociale. La vie est faite de libertés pour elle et se le rappeler est appréciable.
Pour résumer…
Clairement, ce livre n’apporte pas une grande avancée à la cause féminine, le contenu n’a rien de très utile pour aider les lectrices à avancer dans leurs vies mais permettra peut-être à certaines d’oser vivre plus libérées, tout simplement.
Ma note…
12/20