Au revoir là-haut est sûrement l’un des romans les plus marquants de notre génération ! Et ceux qui l’ont lu ont peut-être ressenti le besoin de mettre des visages sur des noms.
Alors quand Christian De Metter vient donner vie aux personnages hors normes de Pierre Lemaître, cela donne une BD dotée d’une étonnante puissance évocatrice.
La quatrième de couverture…
1919. Au sortir de la guerre, la société française peine à ménager une place aux anciens poilus devenus encombrants et les trafics les moins glorieux y vont bon train. Albert Maillard, modeste comptable, qui a sauvé la vie d’Édouard Péricourt, jeune fils de bonne famille, juste avant la fin des combats, tente de les faire vivre de retour à Paris. Édouard, défiguré, refuse de reprendre contact avec les siens et imagine une gigantesque arnaque à la nation pour tenter de renouer avec une vie, ailleurs.
Une jolie incarnation du clair-obscur.
Fidèle à la noirceur cinglante de l’histoire originelle, l’univers de la BD est très sombre. Les traits sont durs et fermés ; les couleurs balancent entre l’extrêmement terne et le criard. On est tout de suite frappé par l’atmosphère lourde, morose presque étouffante qui se dégage des planches ; une atmosphère surement bien plus représentative de la réalité que l’image que l’on pourrait s’en faire. On est avoir été un peu désarçonné par la mise en image des personnages. Les héros sont ici illustrés comme des hommes profondément cassés par la guerre. On les aurait imaginés plus jeunes, plus fringants sur le début de l’histoire. Comme toujours, l’interprétation du lecteur est mise à mal avec les adaptations. Est-ce un mal pour un bien ? Difficile à dire.
L’adaptation en BD d’Au revoir là-haut requiert des partis-pris. Malheureusement, ils se sont ici traduits par des raccourcis un peu faciles par rapport au texte d’origine. Elle fait l’impasse sur des passages très importants, comme des moments de réflexions personnelles qui permettent de saisir la psychologie des personnages, et leurs émotions. Tous ces petits détails sont infiniment importants, et traduisent l’excellence du récit. Les retirer, c’est faire l’impasse sur la compréhension globale de l’histoire, ce que je trouve franchement dommage.
Ceci dit, le format BD donne un regard nouveau sur une scène. Celle, très loufoque, dans laquelle Édouard et Albert évoquent pour la première fois l’idée de l’arnaque aux Monuments aux morts. L’excentricité des masques d’animaux tranchent avec la gravité de cette conversation, ce qui donne un moment totalement absurde, mais déterminant pour le destin des deux héros.
Pour résumer…
La BD a été conçue comme un complément intéressant. Pour autant, elle ne permet pas de saisir toutes les nuances et la complexité du récit.
On aime la facilité d’accès ! Vous avez peur du pavé de Pierre Lemaître ? L’adaptation au format illustré vous permettra de faire découvrir cette belle histoire.
À découvrir pour la beauté sombre des dessins.
Ma note…
15/20
Au revoir là-haut – BD
Pierre Lemaître et Christian De Metter
170 p. Rue De Sevres, 22,50 €
Du même auteur
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Couleurs de l’incendie