Avec Le garçon qui courait, François-Guillaume Lorrain rend hommage à l’athlète Coréen Sohn Kee-Chung qui battit le record olympique du marathon à Berlin, en 1936. Un tour de force unique dans une époque troublée par les dominations politiques, et une belle ode au sport comme symbole universel de la détermination.
Lauréat du prix Jules Rimet 2017, Le garçon qui courait est un livre plein d’espoir, qui donnerait presque envie de se mettre à la course !
La quatrième de couverture…
Août 1936 : un jeune athlète vient de remporter le marathon aux J.O. de Berlin ; et pourtant, il semble bien triste sur le podium. Il cache son maillot japonais. Car Kiteï Son, alias Sohn Kee-Chung, vient de Corée, pays annexé par le Japon, et il a dû courir sous les couleurs de l’ennemi.
D’où vient-il ? Quelle a été son enfance, dans une petite ville près de la frontière chinoise ? Comment est-il devenu le coureur le plus endurant du monde ? Quelles épreuves a-t-il traversées – et quel sera son sort lorsqu’il devra rentrer dans une Corée sous le joug qui voudrait le fêter en libérateur ? Voici le roman d’une obstination, d’un jeu constant avec le danger et l’effort suprême.
Le sport, un puissant outil politique ?
Lorsque Kee-Chung se met à courir pour la première fois, c’est pour fuir ! Pour fuir les conséquences de la rébellion portée par son frère face aux occupants Japonais. La seconde fois que Kee-Chung se met à courir, c’est dans l’espoir de retrouver ce même frère désormais en prise de ces envahisseurs. Sa passion pour la course, le jeune Coréen l’a nourrie d’une haine viscérale pour ceux qui ont fait basculer sa vie.
Alors lorsque ces mêmes japonais l’enrôlent de force dans leur équipe nationale pour les représenter aux Jeux olympiques de Berlin, le jeune coureur est en proie au doute. Doit-il accepter de mettre son talent sportif au service de ses ennemis politiques ? Ou doit-il lui aussi mener sa propre rébellion ? Finalement, il choisira les deux.
Dans le contexte des Jeux olympiques de Berlin fortement politisés par la propagande nazie, l’histoire de ce marathonien coréen est presque passée inaperçue en Occident. Pourtant, elle n’est pas sans rappeler celle de Jesse Owens, grand vainqueur de ces jeux d’été. Car au-delà des exploits sportifs, on retiendra surtout la dimension sociale de ces victoires. Celle de l’opprimé sur ses oppresseurs.
Si peu de romans puisent leur inspiration dans le monde sportif, celui-ci nous rappelle l’importance de la patience dans l’effort. Au prix d’une détermination de fer et d’une loyauté sans failles à ses origines Kee-Chung a utilisé sa notoriété et ses compétences en tant qu’entraîneur pour permettre à son pays d’exister à nouveau. Le sport somme toute est un véritable outil de diplomatie.
Pour résumer…
Alors que la Corée du Sud accueille en ce moment même les Jeux olympiques d’hiver, marqués par la participation d’une équipe coréenne réunifiée, le roman de François-Guillaume Lorrain prend une place tout à fait opportune pour parler de sport et de loyauté. Basé sur une histoire vraie, Le garçon qui courait est un texte délicat et poétique qui nous fait découvrir les joies du sport de manière romancée, malgré un angle politique inattendu. Une très belle surprise.
Ma note…
15/20
Le garçon qui courait
François-Guillaume Lorrain
224 p. Sarbacane, 15,50 €