Troisième livre de la saga de Camilla Läckberg, Le Tailleur de pierre est un polar passionnant !
Dans le microcosme d’un petit village, l’auteure met à nu les drames du passé. Elle s’infiltre dans les mécanismes psychologiques de l’éducation, pour proposer un roman aussi dérangeant que captivant.
La quatrième de couverture…
Un pêcheur de Fjällbacka trouve une petite fille noyée. Bientôt, on constate que Sara, sept ans, a de l’eau douce savonneuse dans les poumons. Quelqu’un l’a donc tuée avant de la jeter à la mer. Mais qui peut vouloir du mal à une petite fille ?
Alors qu’Erica vient de mettre leur bébé au monde et qu’il est bouleversé d’être papa, Patrik Hedström mène l’enquête sur cette horrible affaire. Car sous les apparences tranquilles, Fjällbacka dissimule de sordides relations humaines – querelles de voisinage, conflits familiaux, pratiques pédophiles – dont les origines peuvent remonter jusqu’aux années 1920. Quant aux coupables, ils pourraient même avoir quitté la ville depuis longtemps, sans jamais avoir cessé de la haïr…
Mimétisme comportemental
Entre mysticisme et folie schizophrène.
Patrick Hedström doit résoudre le meurtre de Sara, une petite fille de 7 ans retrouvée noyée à proximité de Fjällbacka. Contraint de faire équipe avec Ernst, un flic antipathique aux méthodes discutables, Patrick va devoir mener une enquête délicate dans la famille de la jeune victime. Charlotte, la mère est effondrée. Niclas, le père a un comportement plus que suspicieux. Et Lilian, la grand-mère, n’hésitera pas à mener son monde à la baguette !
En parallèle, on fait un bon en 1924 aux côtés d’Agnès, une jeune femme de bonne famille qui manie l’art de la manipulation avec une facilité déconcertante. Riche, éternellement gâtée, et peu habituée à la réalité, Agnès s’entiche d’un tailleur de pierre dont elle se retrouve rapidement enceinte. Bien évidemment, les mœurs de l’époque autorisent difficilement ce genre de comportement. L’effrontée se retrouve vite mariée de force à son amant. Dès lors, sa vie devient son pire cauchemar. Mais hors de question pour elle de se résoudre à ce destin de misère. Elle s’en sortira, quoi qu’il en coûte…
Une ambiance étrange, angoissante, oppressante qui fonctionne à tous les coups !
Tout le suspense de ce roman repose sur le lien entre de ces deux histoires, aussi captivantes et déroutantes l’une que l’autre. Cette double construction narrative apporte une dose de mystère supplémentaire. C’est ce qui rend le roman si attractif, au point qu’il devient difficile de s’en détacher. Comme souvent, le polar suédois se nourrit de la fascination des lecteurs pour le morbide. Il ici en scène des éléments du quotidien. Une famille qui cache toujours un petit -ou gros- secret, un village dans lequel tout le monde se connaît qui masque derrière le voile des conventions sociales toutes les pires atrocités du genre humain. Adultère, maltraitance, pédophilie, jugement de la différence… Tout cela amplifié par le confinement d’une communauté autocentrée…
Comme toujours, Camilla Läckberg sait brouiller les pistes, se joue des suspicions. Elle s’incruste au plus près des désirs des habitants, et montre à quel point l’environnement dans lequel on a été élevé peut être déterminant pour la construction de ce que l’on va devenir.
Läckberg soutient les jeunes mamans !
Bien que le personnage d’Erica Falck soit ici mis légèrement en retrait au profit de son compagnon, l’auteure en profite par ailleurs pour faire passer un message.
On découvre ici l’héroïne sous le profil d’une jeune maman sujette au baby blues, et légèrement dépassée par son nouveau statut. Loin de l’image idyllique de la maternité, Läckberg met à nu une réalité dont n’ont pas à rougir les jeunes mères. Implicitement, elle dénonce l’une des pressions de notre époque.
Pour résumer…
Où Camilla Läckberg trouve-t-elle l’inspiration pour rendre chacun de ses romans, encore meilleurs que le précédent ? Quoi qu’il en soit, elle a su créer une véritable relation de proximité avec ses lecteurs et les garder en haleine de titre en titre.
Le tailleur de pierre est un page turner qui nous accroche du début à la fin, et nous laisse dans l’attente. En effet, la chute annonce de nouveaux bouleversements dans la vie d’Erica. Des bouleversements qui devraient incontestablement la remettre au centre d’une nouvelle intrigue.
Ma note…
16/20
Coup de coeur !
Le Tailleur de pierre
Camilla Läckberg
608 p. Babel Noir, 10,00 €
Dans la même saga
La Princesse des glaces
Le Prédicateur
L’Oiseau de mauvais augure
L’Enfant allemand
La Sirène