Quelle est la probabilité pour qu’un malfrat multirécidiviste et condamné à perpétuité parvienne à être libéré de prison ? Disons peut-être 10%. Maintenant, quel est le pourcentage de chances pour que le magot dudit voleur se retrouve enseveli trente ans après le casse sous 20 mètres d’eau, destiné à l’alimenter la ville de New-York ? Accordons 0,1% à tout casser ! Et pourtant, c’est bien ce qui arrive à Tom Jimson. Décidément, la vie n’est vraiment pas juste ! Mais, il en faut plus pour décourager ce vieil escroc, déterminé à passer ses derniers jours sous le soleil du Mexique. Coûte que coûte, il récupérera son magot, à coup de dynamite s’il le faut ! Mais pour Dortmunder le gentleman cambrioleur et accessoirement ex-colocataire de cellule, hors de question que les habitants de la vallée soient engloutis par les eaux. Il doit bien y avoir un autre moyen… Alors accompagné de quelques collègues de “travail” à la renommée indiscutable, il échafaude un Plan A, puis un Plan B puis… Bon disons que la tâche n’est peut-être pas aussi simple qu’ils l’avaient imaginé…
La quatrième de couverture…
” Rentrant chez lui après un cambriolage, Dortmunder découvre avec effroi que son appartement est occupé par un ancien compagnon de cellule dont tout le monde croyait et espérait qu’il resterait derrière les barreaux jusqu’à la fin de ses jours. Le dénommé Tom Jimson a besoin de l’aide de Dortmunder. Quelque temps avant sa détention, il avait réussi un gros coup dont il avait enterré le produit dans la petite ville de Putkin’s Corners. Hélas, pendant qu’il était nourri et logé aux frais de l’État, les autorités en ont lâchement profité pour édifier un barrage et engloutir toute la vallée, y compris Putkin’s Corners. Résultat : le butin gît désormais sous vingt mètres d’eau. Mais Tom a un plan, efficace et radical : il suffit de faire sauter le barrage pour assécher le réservoir. Que les populations locales périssent noyées n’est pour lui qu’un détail. Un détail d’importance majeure, pense Dortmunder qui doit d’urgence détourner Tom Jimson de ses projets meurtriers. “
Mon avis…
En voici une épopée peu banale ! Et curieusement, Westlake valorise la stratégie de l’échec comme personne. Dégâts des eaux, est un pur bijou de dérision qui se joue des clichés à l’américaine à base de gros durs obstinés, légèrement incultes et tendus de la gâchette. Les bons gros méchants désinhibés de toute morale laissent finalement place à des hommes tout à fait normaux, qu’on devine facilement sous la coupe de leurs compagnes -mais chuuuttt, ça il ne faut pas le dire-.
C’est une véritable galerie de personnages décalés entre le vrai méchant dénué de pitié et d’empathie ; le petit geek obèse et timide, véritable archétype du no-life ; la bonne fille de campagne qui s’occupe de sa vieille mère acariâtre et le beau goss plongeur, un peu looser qui cache bien son jeu. C’est un peu le choc des cultures et des générations, les personnages se rencontrent et s’entrechoquent, se rejoignent et se perdent pour notre plus grand plaisir.
L’intelligence de Westlake provient de sa facilité à se détacher de l’intrigue initiale pour mieux y revenir. Ainsi, en parallèle de la chasse au trésor, on retrouve l’histoire de Myrtle Street, qui habite à Myrtle Street, et du pauvre Bob que son entourage prend bien volontiers pour l’idiot du village et qui ne comprend décidément pas grand-chose au monde qui l’entoure. Cet enchevêtrement apporte de la profondeur et du caractère au récit. Et cet humour rocambolesque semble être la patte de l’auteur.
Pour résumer…
Dégâts des eaux une entreprise de fou menée brillamment par l’esprit railleur de son auteur. Certes, c’est un polar déroutant dans lequel on ne croise pas une seule fois la police, mais le texte est subtil et incroyablement vif. Plus simplement dans ce livre, tout est possible et c’est ce suspense qui nous tient en haleine jusqu’à la toute dernière ligne qui explose avec un nouveau coup du sort digne de l’arroseur arrosé. C’est mon premier Westlake, mais à coup sûr, ce ne sera pas le dernier !
Ma note…
15/20