Chroniques de livres Roman Saga

La sage-femme d’Auschwitz : tatouer la mémoire

Chronique - La sage-femme d'Auschwitz de Anna Stuart

Sous les barbelés d’Auschwitz, Anna Stuart fait éclore un miracle : celui de la vie. La sage-femme d’Auschwitz mêle courage, compassion et humanité dans un récit bouleversant où chaque naissance devient un acte de résistance.

Une lecture profondément marquante, qui émeut durablement.

La quatrième de couverture…

Lorsqu’elle arrive à Auschwitz, sous un ciel bas et gris, Ana est persuadée qu’elle ne survivra pas à l’enfer du camp. Mais elle possède une compétence que les nazis recherchent : elle est sage-femme. Son travail sera de donner naissance aux enfants des autres prisonnières. Une mission terrible car, dès qu’ils ont poussé leur premier cri, les nouveau-nés sont emmenés et donnés à des familles allemandes.

Malgré la détresse de ces femmes à qui on vole leurs bébés, Ana essaie d’apporter un peu de réconfort autour d’elle. Et puis un jour, elle réalise qu’elle peut faire plus. Secrètement, elle tatoue les petits avec les numéros de déportées de leurs mères.
C’est une lueur d’espoir dans ce monde d’une infinie noirceur : et si, après l’horreur de la guerre, grâce à ce petit geste, ces enfants et leurs mères pouvaient se retrouver ?

Naître en résistance : la vie au cœur de l’ombre

Anna Stuart prête sa voix à deux héroïnes.

Tout d’abord à Ana, une sage-femme non-juive déportée à Auschwitz‑Birkenau déterminée à honorer le serment de sa profession malgré l’horreur du camps. Elle donne la vie au milieu du chaos, soigne tant bien que mal les femmes et leurs âmes brisées par les vies arrachées et les liens maternels brisés.

Ester, jeune femme juive confiée à ses soins, marche dans ses pas et mais vit aussi l’enfer en première ligne. On ressent son cœur battre au rythme des vagues d’angoisse, de peur, mais aussi de révolte silencieuse.

Ce duo d’espoir et de souffrance esquisse une fraternité née des ruines, une alliance qui résiste aux déraisons de l’époque. Elles ne se contentent pas de survivre. Ensemble, elles changent le cours de l’Histoire. Elles tatouent les bébés nés dans l’enfer, afin qu’un jour ils puissent reconstruire la mémoire.

L’émotion que procure ce roman est presque indicible.

Le style, direct mais jamais clinquant, laisse la place à la gravité sans sombrer dans le pathos. On admire la justesse d’Anna Stuart lorsqu’elle dépeint la mécanique infernale du camp, mais aussi la force de l’intérieur : celle de l’intime et du geste discret.

Pour résumer…

La sage-femme d’Auschwitz de Anna Stuart est un témoignage romancé bouleversant sur la vie qui jaillit dans l’ombre d’un camp d’extermination.

Les portraits de ces deux sages-femmes qui choisissent l’espoir, rendent hommage aux anonymes.

Un récit indispensable, lumineux dans sa noirceur, vibrant de nuance et d’humanité.

Ma note…

17/20
Coup de coeur !

La sage-femme d’Auschwitz
Anna Stuart
480 p, J’ai lu, 8,60 €

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