On les avait connues enfants dans L’Amie prodigieuse, et adolescentes dans Le nouveau nom, puis femmes dans Celle qui fuit et celle qui reste. Voici qu’Elena et Lila tirent leur révérence dans L’enfant perdue.
Un ultime volume qui signe en beauté l’ardente fusion destructrice qui consumera les deux amies pendant près de 60 ans.
La quatrième de couverture…
À la fin de Celle qui fuit et celle qui reste, Lila montait son entreprise d’informatique avec Enzo, et Elena réalisait enfin son rêve : aimer Nino et être aimée de lui, quitte à abandonner son mari et à mettre en danger sa carrière d’écrivain. Car elle s’affirme comme une auteure importante et l’écriture l’occupe de plus en plus, au détriment de l’éducation de ses deux filles, Dede et Elsa.
L’histoire d’Elena et de Nino est passionnelle, et bientôt Elena vit au gré de ses escapades pour retrouver son amant. Lors d’une visite à Naples, elle apprend que Lila cherche à la voir à tout prix.
Après avoir embrassé soixante ans d’histoire des deux femmes, de Naples et de toute l’Italie, la saga se conclut en apothéose. Plus que jamais, dans L’enfant perdue, Elena Ferrante nous livre un monde complet, riche et bouillonnant, à la façon des grands romanciers du XIXe siècle, un monde qu’on n’oublie pas.
Originales, imparfaites, prodigieuses…
Elena Ferrante a écrit des milliers de pages pour décrire les forces et les faiblesses du duo infernal que forme Elena et Lila. Et puis l’histoire se termine comme elle a commencé : Lila disparaît. On ne spoilera pas le lecteur en dévoilant cette vérité qui ouvre le début de L’Amie prodigieuse . L’auteure distille le suspense dès les première ligne, comme si elle avait déjà manigancé depuis des lustres les moindres bouleversements de son histoire romanesque. Et ça marche !
Le cycle est parfait ! De l’aube au coucher du soleil, on ne s’attache pas simplement aux personnages, on les incarne. Lenù ? Lila ? Laquelle des deux aura notre préférence ? L’une solaire, l’autre lunatiquement magnétique.
L’enfant perdue vient clôturer soixante années d’amitié tumultueuse. Au milieu des liaisons illégitimes, de l’omniprésence mafieuse et des trafics de drogue, l’intrigue tire le fil des accidents de la vie, malmenant toujours plus l’équilibre affectif fragile des deux héroïnes.
Comme dans leur enfance, Lila et Lenù partagent le même quartier, la même vie hachée par les vicissitudes du quotidien, jusqu’à leur dernier désir de maternité. Entre fougue et maturité, les similitudes et les comparaisons se succèdent, rarement pour le meilleur… Comme son nom l’indique, le livre ne manque pas d’épreuves…
Ce dernier opus n’est peut-être pas le meilleur, mais en tout cas le plus fin dans l’analyse psychologique de la relation unissant Lila et Lenù. L’étude des motivations profondes de chacun des personnages est de grande qualité.
Pour résumer…
Avec le dernier volume de sa tétralogie, Elena Ferrante signe l’oeuvre la plus complète et aboutie du XXIe siècle. Un génie littéraire à la hauteur des plus grands. Quand on commence, on ne peut plus s’arrêter jusqu’au choc du dénouement qui ne ménage aucun espoir…
Somme toute, la fresque n’est pas sans nous rappeler une jolie ritournelle… On s’est connu, on s’est reconnu. On s’est perdu de vue, on s’est r’perdu d’vue…
Ma note…
16/20
L’enfant perdue
Elena Ferrante
560 p. Gallimard, 23,50 €
Dans la même saga
L’Amie prodigieuse
Le nouveau nom
Celle qui fuit et celle qui reste