Pour son premier roman, Cynthia d’Aprix Sweeney propose une saga familiale. Le Pactole promet une fiévreuse partie de poker menteur, révélant les failles de chacun.
Quel dommage que le texte passe à côté de nos espoirs !
La quatrième de couverture…
Bea, Melody, Jack et Leo n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est le joli héritage laissé par leur père, qui doit leur être distribué le jour des quarante ans de la benjamine. Mais le jour J, c’est la soupe à la grimace. Les trois « petits » découvrent que leur aîné, Leo, séducteur et égoïste, a dilapidé le magot. Les hostilités sont lancées ; la fratrie exige que Leo la rembourse. C’est le début d’une guerre des tranchées qui va réveiller de vieilles rancunes, briser d’anciens tabous, mais aussi leur permettre de renouer des liens qu’ils croyaient rompus pour toujours…
Une galerie familiale stéréotypée
Lorsqu’on lit la quatrième de couverture, la promesse est alléchante. Une de ces grandes familles au nom synonyme de réussite se retrouve embourbée dans un micmac financier jusque-là sans précédent. L’argent exacerbant les réactions de chacun, on s’attend à une explosion d’impulsivité et de mauvaise foi. Somme toute, à un dynamisme débordant. Malheureusement, la construction de l’histoire se révèle bien plus terne.
Tout commence par le scandale provoqué par l’aîné de la fratrie. Charmeur invétéré et manipulateur sans masques, le personnage de Leo Plumb oscille entre le statut de héros de la famille et celui de connard autoproclamé. Un homme, un vrai, à qui l’on ne refuse rien. Mais voilà que le séducteur se retrouve dans la panade, mouillé jusqu’au slip dans une affaire de mœurs. Le bal des boules puantes est ouvert ! Trop triste que son premier-né se retrouve si mal loti, maman Plumb vient au secours de son tout petit, réglant le problème grâce au généreux pactole destiné à tous les héritiers. Il va sans dire que les frères et sœurs de ce cher Léo n’accueillent pas la nouvelle avec bienveillance. Serait-ce le début de la guerre ?
Et bien même pas ! Car bien que l’honorabilité de la famille fût sérieusement entachée, bien que la disparition du magot compromette sérieusement les projets des membres de la famille, tout le monde semble rester bien calme. Quelle est donc l’intrigue me demanderez-vous ? C’est là que le bât blesse, car Le Pactole est définitivement bien pauvre…
Une intrigue, peut-être ?
Les chapitres s’enchaînent sans véritable logique. On caresse les motivations de personnages irresponsables sans vraiment les approfondir.
Francie, la mère originale qui papillonne entre bouteille de rhum et estime de soi, délaissant ostensiblement ces enfants pour un quotidien d’autocentrisme. Jack le cadet, incarne l’homosexuel assumé, folle dingo refoulé qui satisfait son grain de folie en dépensant à tort et à travers. Puis vient Béatrice, l’artiste ratée, meurtrie par la vie ; et enfin Melody, la benjamine. Une mère de famille obsédée par la réussite de ses jumelles, mais totalement sourde à leurs aspirations. Les membres de la famille Plumb sont de véritables clichés.
Tour à tour, les intrigues se multiplient, sautant du coq à l’âne sans la moindre cohérence ; certaines sont tuées dans l’œuf avant même d’avoir pu éclore. L’histoire se traîne péniblement, tout cela pour quoi ? Finir par se dire que la vie ne prend pas toujours la voie que l’on espérait et qu’il faut bien faire avec…
Pour résumer…
L’écriture est superficielle, convenue, comme si l’on avait cherché à lier une somme de situations qui marchent pour en faire une histoire. On se retrouve face à une galerie de personnages stéréotypés qui ne nous apportent rien. Le Pactole, un patchwork décousu et sans grande émotion. Dommage…
Ma note…
09/20
Le Pactole
Cynthia d’Aprix Sweeney
432 p. Fleuve Édition, 19,90 €