Il est très difficile de parler des Sangs sans trop en dire, tant le cœur de l’histoire est lié à ses dénouements, car contrairement au célèbre conte de Perrault, Barbe Bleue, Audrée Wilhelmy ne raconte pas seulement l’histoire de l’Ogre, mais celles de ses femmes.
Un conte délicieusement sanglant, qui vous fera retrouver avec plaisir les classiques de l’enfance.
La quatrième de couverture…
Un manoir obscur et fascinant, dans une cité hors du temps. Celui qu’on appelle l’Ogre attire à lui des proies presque consentantes pour les aimer puis les tuer. Mais d’où viennent ces femmes ? Pourquoi se donnent-elles à lui ? Elles le racontent dans les carnets qu’elles laissent derrière elles et que Féléor assemble en un curieux livre – ses Sangs.
Mercredi, Constance, Abigaëlle, Frida, Phélie, Lottä, Marie : sept femmes, et autant d’expériences du désir et de la mort, sept écritures qui disent la féminité, le narcissisme, la soumission tantôt feinte, tantôt amusée.
Polyphonique et amorale, poétique et sulfureuse, cette réinterprétation virtuose du conte de Barbe bleue, par Audrée Wilhelmy, n’est pas pour les enfants.
Barbe bleue, pervers narcissique
Dans cette nouvelle version, la figure masculine est également omniprésente, mais prend les traits d’un jeune homme qui semble presque fragile. Presque, car on comprend dès le départ que les tendances carnassières du jeune garçon cachent une prédisposition à la chair et au sang. Tel un animal, Féléor dégage un charme presque caustique, qui l’aidera pour chasser ses proies. Au fil des pages, on découvre un personnage fascinant et paradoxal ; à la fois victime et bourreau. Victime de son appétit sexuel incontrôlable qui le conduira non seulement à chercher de nouvelles partenaires mais le transformera petit à petit en machine à assouvir les désirs féminins ; et bourreau car il s’incruste dans les esprits et dans les corps de manière obsessionnelle mais ne sait malheureusement pas dissocier le plaisir de la cruauté.
Ici, les femmes de l’Ogre ne sont pas décrites comme passives mais comme instigatrices de leurs propres morts. Non seulement elles n’ignorent pas leurs funestes destins mais s’y préparent consciencieusement, comme pour atteindre la félicité. Submergées par une vision de l’amour et, surtout, des désirs physiques déformés, ces femmes se donnent corps et âmes pour contenter leurs propres penchants et ceux de leur amant. Grâce aux journaux intimes qu’il leur demande de tenir, Féléor récolte les pensées les plus profondes de chacune de ses sept épouses, leurs fantasmes les plus impudiques et leurs névroses. Peu à peu, on voit glisser les récits vers une forme de consentement. Le désir, le jeu et la mort se confondent. La volupté prend bien souvent sa source dans leurs esprits troublés et leurs tendances autodestructrices, à tel point que ce que l’on perçoit comme une emprise psychologique malsaine de la part de Féléor, est finalement interprétée par ses épouses comme le fruit de leurs propres volontés. Est-ce la passion qui les précipite vers l’issue fatale ou ont-elles d’ores déjà renoncé à leurs propres existences ?
Pour résumer…
Ma note…
Les Sangs
Audrée Wilhemy